Quelles stratégies d'économies François Bayrou pourrait-il envisager ?

Quelles stratégies d’économies François Bayrou pourrait-il envisager ?

15.07.2025 08:14
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Cela semble être une véritable mission impossible. Comment peut-on dégager 40 milliards d’euros pour le budget 2026 ? Les suggestions affluent depuis plusieurs semaines, pourtant l’incertitude demeure quant aux mesures que le Premier ministre François Bayrou annoncera ce mardi à 16 heures. En attendant, nous faisons le point sur les principales options discutées récemment dans le cadre du débat public, rapporte TopTribune.

« L’année blanche »

Une proposition, régulièrement évoquée, consiste à maintenir les dépenses identiques pour 2025 et 2026, sans augmentation. Cependant, l’ampleur des économies envisagées varie considérablement selon le cadre d’application. Selon la commission des Finances du Sénat, le gel des dépenses de l’État sur ses missions budgétaires (à l’exclusion de la défense, de la contribution au budget de l’UE et des charges liées à la dette) pourrait générer jusqu’à 10 milliards d’euros. En revanche, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et l’Institut des politiques publiques (IPP) estiment qu’une année blanche pourrait engendrer des économies comprises entre 5,7 et 6 milliards d’euros.

Désindexer les retraites

La désindexation des pensions de retraite par rapport à l’inflation gagne du terrain, soutenue par une recommandation du Comité de suivi des retraites (CSR) et par plusieurs membres du gouvernement. Dans le cadre d’une « année blanche », ne pas lier les pensions à l’inflation pourrait rapporter 3,7 milliards d’euros, d’après l’OFCE. Cela affecterait environ 10 millions de ménages où le retraité est le principal souteneur, entraînant une diminution de leur revenu disponible de plusieurs centaines d’euros, toujours selon l’OFCE.

Réduire la protection sociale

Des solutions ont été avancées pour réduire le déficit de la protection sociale, y compris pour l’Assurance maladie, qui devrait faire face à un manque de 16 milliards d’euros en 2025. Fin juin, une proposition visant à économiser 3,9 milliards d’euros en 2026 a été formulée, en améliorant l’efficacité des soins, luttant contre la fraude, régulant les tarifs, et renforçant la prévention ainsi que les réformes des indemnités journalières.

Réforme de l’Assurance chômage et jours fériés

Un durcissement des règles concernant l’Assurance chômage est en préparation, alors qu’Emmanuel Macron a déclaré dimanche son intention de financer l’effort militaire par une augmentation de la production et de l’activité. Ce contexte a également ravivé les hypothèses sur une éventuelle hausse du temps de travail ou la suppression de jours fériés.

Geler le barème de l’impôt sur le revenu

Une autre option envisageable consisterait à ne pas réviser les seuils des différentes tranches d’imposition, normalement révisés annuellement pour compenser l’inflation. Si aucune réévaluation n’est effectuée, de nombreux ménages, exceptionnellement non-imposables, pourraient devenir imposables, et d’autres verraient leur niveau d’imposition augmenter, un point régulièrement soulevé par plusieurs partis politiques. Début 2025, les seuils avaient été ajustés, permettant à 600 000 contribuables de ne pas être imposables. En 2026, une absence de réévaluation pourrait générer 1,2 milliard d’euros, selon une hypothèse d’inflation de 1,1 %.

Réformer agences et opérateurs

Le Sénat estime qu’une réforme des 434 opérateurs et 1.153 organismes publics de l’État pourrait mener à des économies de 540 millions d’euros sur plusieurs années. Cependant, le gouvernement envisage une économie plus ambitieuse, allant de 2 à 3 milliards d’euros. Certaines agences pourraient être fusionnées et certaines de leurs missions pourraient être réduites.

Limiter les dépenses de la fonction publique

À la fin avril, Matignon a appelé à la modération de l’accroissement des dépenses liées à la masse salariale dans la fonction publique. Une circulaire a précisé que la rémunération de 5,8 millions d’agents publics coûterait 107 milliards d’euros en 2024, soit une hausse de 6,7 %. Certaines mesures ciblant des catégories spécifiques de fonctionnaires ont contribué à augmenter la masse salariale de 3,7 milliards d’euros. Par ailleurs, le ministre de l’Économie, Eric Lombard, a exprimé son souhait de diminuer le nombre de fonctionnaires sans préciser de chiffres.

Le Sénat recommande de ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux pour la fonction publique d’État, entraînant espérément des économies de 500 millions d’euros. En 2025, après avoir abandonné la suppression de 4.000 postes dans l’Éducation nationale, le budget amendé prévoyait la création de 3.076 postes pour l’État tout en planifiant la suppression de 812 emplois parmi les opérateurs.

Taxer les riches ?

D’autres propositions émergent pour redresser les finances publiques, y compris l’optimisation des aides publiques accordées aux entreprises, une idée soutenue par la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas. Selon une enquête sénatoriale, ces aides s’élevaient à 211 milliards d’euros en 2023. Une taxation accrue des plus aisés fait également partie des discussions : les individus gagnant plus de 250.000 euros par an doivent actuellement s’acquitter d’une contribution garantissant un taux d’imposition minimal de 20 %. Du côté de la gauche, l’idée d’une « taxe Zucman », inspirée par l’économiste français Gabriel Zucman, vise à taxer à hauteur de 2 % par an le patrimoine des 1.800 contribuables « ultra-riches » possédant plus de 100 millions d’euros. Cela pourrait générer des recettes annuelles de 20 milliards d’euros.

La proposition d’une augmentation de la TVA pour compenser les baisses de cotisations sur le travail, nommée « TVA sociale », est vivement rejetée par la gauche et le Rassemblement national, ce dernier ayant menacé le gouvernement de censure si elle était mise en œuvre.

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