«Nul ne peut demeurer immobile. Nous avons une avance, mais demain, au même rythme, nous serions dépassés», a déclaré le président, incitant les parlementaires à approuver le budget pour l’année 2026 lors de sa présentation à l’Assemblée, «car les censures de fin d’année ont une conséquence simple : elles décalent le budget des armées», rapporte TopTribune.
Un budget des armées à la hausse
En dépit de la dégradation des finances publiques, Emmanuel Macron a fait savoir dimanche, lors de son discours devant les forces armées, qu’il envisage d’accélérer l’augmentation des dépenses militaires en France au cours des deux prochaines années, afin de répondre à «un monde plus brutal» et à une intensification des menaces, notamment en provenance de la Russie.
«Jamais depuis 1945 la liberté n’avait été si menacée», a affirmé le chef de l’État devant un auditoire de hauts responsables militaires lors de son allocution traditionnelle à la veille de la fête nationale, dans les jardins du ministère des Armées, à l’Hôtel de Brienne.
Il a souligné que l’Europe est actuellement «mise en danger, alors que la guerre a été portée sur notre sol avec l’invasion de l’Ukraine, tandis que les États-Unis font peser un doute sur la continuité de leur soutien», exposant qu’«notre Europe se trouve placée à la lisière d’un vaste arc de crises».
Par conséquent, Emmanuel Macron a annoncé une augmentation significative du budget de la défense, avec un ajout de 3,5 milliards d’euros en 2026, suivi de 3 milliards supplémentaires en 2027, ce qui permettra de quasiment doubler le budget de la défense sous ses deux mandats, pour atteindre près de 64 milliards d’euros d’ici là.
Une indépendance militaire et budgétaire
Le budget de la défense en France a déjà connu une hausse substantielle, passant de 32,2 à 50,5 milliards d’euros entre 2017 et 2025.
Une «actualisation de la loi de programmation militaire» pour la période 2024-2030, prévoyant initialement 413 milliards d’euros pour les armées, «sera présentée à l’automne», a précisé le chef de l’État.
Il a cependant exprimé son refus que cet «effort nouveau et historique» soit financé par «l’endettement», alors que le gouvernement français cherche des moyens de redresser les finances publiques.
«Notre indépendance militaire est indissociable de notre indépendance financière. Elle sera donc financée par plus d’activité et plus de production», a-t-il soutenu.
En faisant face à un monde plus brutal, il a insisté sur le fait que «la Nation doit être plus forte», affirmant que «pour être libres dans ce monde, il faut être craint, et pour être craint, il faut être puissant». Toutefois, il a prévenu : «nous avons une avance, mais demain, au même rythme, nous serions dépassés».
La menace russe
Emmanuel Macron a évoqué «la permanence d’une menace russe aux frontières de l’Europe […], une menace préparée, organisée, durable, et à laquelle nous devrons être capables de faire face», ainsi que la lutte contre la désinformation, le terrorisme, et les ruptures technologiques à suivre, sur la base des conclusions d’une Revue nationale stratégique qui sera publiée lundi.
Les ressources supplémentaires décrites doivent, selon lui, aider à «combler nos zones de fragilité» : stocks de munitions, «armes de saturation et de précision», drones, «capacités spatiales», ainsi que les «équipements nécessaires pour le bon déroulement des opérations».
Ces fonds serviront également à solidifier les capacités de défense sol-air et de guerre électronique, comme en témoigne le rôle essentiel constaté lors du conflit en Ukraine.
En outre, Emmanuel Macron a une fois de plus souligné la dimension européenne de la dissuasion nucléaire française, affirmant avoir «mandaté le ministre des Armées pour entamer un dialogue stratégique avec nos partenaires européens prêts».
«Je reviendrai plus précisément, à la fin de cette année, sur les évolutions que cela emporte», a-t-il promis.
Une mobilisation de la jeunesse
Le président a enfin abordé la nécessité de mobiliser la jeunesse, en indiquant qu’il fallait lui offrir «l’occasion de servir», selon l’Elysée.
«Je pense également que nous devons donner aux jeunes un nouveau cadre pour servir, selon d’autres modalités, au sein de nos armées», a-t-il exprimé, annonçant qu’il donnerait des orientations «à l’automne».
Un service militaire volontaire «rénové» pourrait être mis en place afin de proposer aux jeunes Français une formation militaire, susceptible de déboucher sur un engagement dans les forces armées, selon une source proche de ce dossier.