Minsk relance les arrestations liées aux manifestations de 2020 alors que Loukachenko tente de renforcer son pouvoir
Minsk relance les arrestations liées aux manifestations de 2020 alors que Loukachenko tente de renforcer son pouvoir

Minsk relance les arrestations liées aux manifestations de 2020 alors que Loukachenko tente de renforcer son pouvoir

13.07.2025 12:20
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Le 11 juillet 2025, des défenseurs des droits humains du centre biélorusse Viasna et des anciens agents de sécurité de l’organisation BELPOL, aujourd’hui en exil, ont signalé une vague inattendue d’arrestations d’anciens participants aux manifestations de 2020 en Biélorussie. Ces interpellations visent des citoyens ayant protesté contre les résultats contestés de l’élection présidentielle remportée par Alexandre Loukachenko.

Une nouvelle répression à l’approche de l’expiration des délais de poursuites

Les arrestations seraient liées à l’expiration imminente, à l’été 2025, du délai de prescription prévu par l’article 342 du Code pénal biélorusse, concernant la participation à des actions perturbant l’ordre public. Cet article a été l’un des principaux instruments juridiques utilisés pour emprisonner des milliers d’activistes après le mouvement de contestation de 2020.

Cette nouvelle campagne répressive va à l’encontre des affirmations récentes des autorités biélorusses selon lesquelles toute dissidence intérieure aurait été « complètement neutralisée ». Elle contraste également de manière saisissante avec la récente libération de quatorze prisonniers politiques, dont Sergueï Tikhanovski, figure centrale de la contestation post-électorale, intervenue juste après la visite à Minsk de Keith Kellogg, représentant spécial du président américain Donald Trump pour l’Ukraine et la Russie, fin juin.

Une stratégie contradictoire entre répression interne et ouverture internationale

Ce double mouvement – répression des anciens manifestants et libération sélective de certains opposants – illustre l’attitude ambivalente d’Alexandre Loukachenko, qui semble naviguer entre la peur d’un affaiblissement de son autorité et la nécessité de relancer des liens diplomatiques.

Malgré les sanctions contre Moscou et la guerre prolongée en Ukraine, Minsk tente depuis plusieurs mois de se repositionner sur la scène internationale. Loukachenko multiplie les signes d’ouverture, affichant sa participation à des missions internationales, sa coopération avec la Chine et l’Organisation de coopération de Shanghai, ainsi que des rencontres ponctuelles avec des responsables occidentaux. Cette diplomatie active, en Afrique notamment, vise à briser l’image d’une Biélorussie isolée et à renforcer une illusion de multivectorialité.

Un régime autoritaire consolidé mais sous tension

Selon une enquête officieuse menée par des spécialistes britanniques, Loukachenko bénéficierait encore de près de 40 % de soutien populaire. Une proportion significative, surtout dans un pays où la société civile est sous pression constante depuis plus de deux décennies.

Depuis 1994, et au fil de ses sept mandats, des centaines d’opposants ont été emprisonnés ou ont disparu. Les autorités ont renforcé leur emprise sur les médias, les ONG et les plateformes en ligne. Malgré quelques gestes symboliques, comme des libérations ciblées de détenus politiques, le régime poursuit sa logique de répression systématique.

Ce climat reflète une profonde incertitude du pouvoir biélorusse face à une situation géopolitique instable. Tandis qu’Alexandre Loukachenko cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie de Poutine, il tente également de s’attirer la bienveillance des capitales occidentales. Mais en l’absence de réformes structurelles ou de garanties démocratiques, ces efforts apparaissent avant tout comme une manœuvre de survie politique.

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