Le 11 juillet 2025, le chef d’état-major des armées françaises, le général Thierry Burkhard, a tenu une conférence de presse exceptionnelle au cours de laquelle il a livré un constat sans détour sur l’état de la sécurité en Europe. « Le problème n’est pas le risque d’une guerre en Europe : cette guerre existe déjà », a-t-il affirmé, soulignant que son objectif n’est pas d’alimenter la peur, mais de favoriser une prise de conscience collective.
Dans un contexte international de plus en plus instable, il a rappelé que la France n’est pas seule : elle peut compter sur des mécanismes de défense collective pour répondre aux menaces croissantes.
Une menace multiforme et durable
Le général Burkhard a désigné la Russie comme une menace structurelle, durable et de proximité. Selon lui, Moscou considère explicitement la France comme une cible prioritaire. Il a dénoncé l’utilisation par la Russie de méthodes hybrides et souligné que la menace est « partout : dans les airs, sur terre, en mer ».
Parmi les formes d’agression évoquées : des incursions de sous-marins russes, des actions de militarisation de l’espace via des satellites spécialisés, une intensification des cyberattaques et une guerre informationnelle active, en particulier en Afrique, où les narratifs pro-russes progressent. Il a reconnu l’efficacité de cette campagne d’influence, qui sape l’image de la France sur le continent.
Il a également mentionné des opérations de manipulation en métropole, comme l’affaire de tags antisémites dessinés par des ressortissants moldaves dans plusieurs villes françaises, orchestrées pour attiser les tensions identitaires. Le général a confirmé la présence d’agents infiltrés sur le territoire, notamment dans les secteurs technologiques et économiques.
La réponse stratégique française
Dans un monde marqué par l’aggravation des tensions géopolitiques et la montée des régimes autoritaires, la France assume une responsabilité particulière en tant que puissance nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.
Face à ces défis, Paris a considérablement accru ses moyens de défense. Le budget militaire français a été porté à 50,54 milliards d’euros en 2025, soit 2,1 % du PIB — l’un des niveaux les plus élevés au sein de l’OTAN. Ce renforcement permettra non seulement de moderniser les forces armées, mais aussi de soutenir les alliés européens de la France.
Soutien militaire à l’Ukraine et coopération industrielle
La France s’inscrit dans une dynamique de solidarité stratégique, illustrée par son engagement en faveur de l’Ukraine. Depuis le début de l’invasion russe, Paris a fourni 2,2 milliards d’euros d’aide militaire, incluant des missiles SCALP, des avions de chasse Mirage 2000-5F, des systèmes de défense aérienne et de l’artillerie. La formation de soldats ukrainiens sur le sol français témoigne de la volonté d’un soutien de long terme à la sécurité européenne.
Au-delà de l’assistance militaire, des entreprises françaises comme Thales, KNDS ou Delair collaborent étroitement avec l’Ukraine dans la production de drones, de blindés et de munitions. Kiev cherche à développer des coentreprises avec les industriels français, dans une logique de montée en capacité conjointe.
Vers une défense européenne renforcée
Le général Burkhard a souligné l’importance de renforcer l’autonomie stratégique européenne. La France soutient la création d’un fonds de défense européen, la mise en place de mécanismes préférentiels pour les fabricants d’armes européens, ainsi qu’une coopération plus étroite dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune(PSDC) de l’UE et de l’OTAN.
Ce positionnement s’inscrit dans une vision claire : face à l’agressivité des puissances autoritaires, seule une Europe unie, dotée de moyens crédibles, pourra garantir sa sécurité et préserver la stabilité du continent.