Le documentaire « Pavements », réalisé par Alex Ross Perry, mêle musical et critique des conventions du genre.
«Y a-t-il déjà eu un bon film sur un groupe de rock?» s’interroge Stephen Malkmus, le musicien en vedette du long-métrage « Pavements », disponible sur MUBI à partir du 11 juillet. Ce film, réalisé par Alex Ross Perry, explore l’héritage de Pavement, un groupe de rock emblématique des années 1990. Avec une approche hybride, à la fois ironique et sincère, le documentaire remet en question les normes des biopics et des films musicaux, rapporte TopTribune.
Le film juxtapose des images d’archives avec des séquences fictives, y compris un faux musée dédié à Pavement ainsi qu’une comédie musicale inspirée par leurs chansons. Ces passages, tournés par le cinéaste lui-même, interrogent la nature de la réalité dans le cinéma documentaire.
Un format novateur
Alex Ross Perry, connu pour ses films indépendants comme The Color Wheel, a été choisi en raison de son absence d’expérience préalable dans le format documentaire. «On m’a demandé d’aborder ce projet non pas comme un documentariste, mais comme un scénariste,» rappelle Perry, qui voulait redéfinir les attentes autour du film musical.
Le cinéaste souligne l’importance de respecter l’essence de Pavement, un groupe qui, malgré son faible niveau de notoriété comparé à des artistes comme Bob Dylan ou Nirvana, a acquis une base de fans dévoués. «Je voulais que le film prenne l’idée que Pavement est le meilleur groupe au monde comme une réalité», déclare-t-il.
Déconstruction des clichés
À travers le documentaire, Perry met en lumière les clichés récurrents des films musicaux. Bien que le début semble traditionnel, la narration se complexifie par la suite, rendant la frontière entre réalité et fiction de plus en plus floue.
En parallèle de la sortie de « Pavements », le retour en scène du groupe et l’ouverture d’un musée dédié à leur histoire sont également mis en avant. Le film, qui inclut une centaine d’heures de rushs, a nécessité un travail conséquent en montage, supervisé par Robert Greene.
Critique des biopics
Un aspect notable du film est sa satire des biopics musicaux. Perry joue avec les attentes du public tout en critiquant la tendance à présenter une version simplifiée de la vie des artistes. Les acteurs du film, dont Joe Keery, se préparent à interpréter des membres de Pavement avec un degré d’obsession amusant, renforçant ainsi la critique des conventions.
«Je suis inspiré par une forme de narration biographique scriptée que je trouve dévastatrice pour la créativité,» affirme Perry.
Perry se moque également d’une certaine obsession de la performance, préférant explorer la complexité du processus créatif derrière la musique.
Questions d’intégrité
Le film aborde aussi la notion de « sell out », ce moment où un artiste compromet son intégrité pour des raisons commerciales. Interrogé sur ses propres attentes, Perry admet : «Il n’y a plus d’illusion d’intégrité,» soulignant la difficulté pour les créateurs de rester fidèles à leurs idéaux dans un monde de plus en plus commercialisé.
« Pavements » promet d’être une œuvre à la fois engageante et provocante, cherchant à redéfinir ce que signifie documenter la vie d’un groupe culte tel que Pavement tout en critiquant les tropes habituels des films musicaux.