ENTRETIEN. Benjamin Netanyahu aborde la création d'un État palestinien : "Son objectif est de restituer les territoires palestiniens de manière équitable".

ENTRETIEN. Benjamin Netanyahu aborde la création d’un État palestinien : « Son objectif est de restituer les territoires palestiniens de manière équitable ».

09.07.2025 10:23
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Analyse de la Position de Benjamin Netanyahu sur la Question Palestinienne

Lundi en soirée, lors d’une discussion avec Donald Trump, Benjamin Netanyahu a abordé la question de la création d’un État palestinien, tout en excluant l’idée d’une pleine souveraineté pour les Palestiniens. Le premier ministre israélien a affirmé que l’État d’Israël maintiendrait « toujours » le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza. Cette position a été qualifiée de « non-sens » par Guillaume Ancel, ancien officier et auteur de Petites leçons sur la guerre, qui souligne l’hostilité de Netanyahu envers toute forme de souveraineté palestinienne, ainsi qu’à l’idée d’un cessez-le-feu dans la région, rapporte TopTribune.

Le Premier ministre israélien a évoqué l’éventualité d’un État palestinien, mais a clairement précisé que celui-ci ne disposerait pas de son propre système de sécurité, lequel resterait sous le contrôle d’Israël. Cette affirmation entraîne la question : est-il courant qu’un État soit sous la dépendance de la sécurité d’une nation qui lui est hostile ? Une telle situation semble absurde.

Pourquoi Netanyahu évite-t-il de rejeter explicitement l’idée d’une souveraineté palestinienne ? S’agit-il d’une manœuvre diplomatique, ou pourrait-on y déceler une ouverture, influencée par la pression américaine et internationale, à l’égard d’un État palestinien ? Netanyahu semble extrêmement attentif à l’opinion publique américaine. Israël, souvent décrit comme le 51e État des États-Unis, reçoit un soutien financier, militaire et politique indéfectible de son partenaire américain. Cette petite nation, avec moins de 10 millions d’habitants, ne pourrait survivre sans ce soutien crucial.

En réalité, Netanyahu se trouve dans une position délicate. D’un côté, il pourrait aspirer à imiter Vladimir Poutine, en feignant un désir de négociation tout en prolongeant indéfiniment le processus. Toutefois, contrairement à Poutine, qui se moque de l’opinion occidentale, Netanyahu doit prendre en compte celle de Trump. Il ne peut se permettre de fâcher son homologue américain, au risque de compromettre sa position politique.

Quelles seraient donc les conditions susceptibles de pousser Netanyahu vers une acceptation d’un État palestinien ? Peut-on imaginer une telle évolution ? Il est difficile de croire que Trump soit réellement investit dans la création d’un État palestinien. L’ancien président change d’avis comme de chemise, mais une chose est sûre : Netanyahu est opposé à cette idée. Pour lui, les Palestiniens sont un peuple sans terre qui devrait être exilé le plus loin possible. Il remet en question même leur droit de vivre aux côtés des Israéliens. Son objectif semble être de rendre les territoires palestiniens inhabitables afin d’empêcher tout maintien de la population.

Pour le moment, la perspective d’un État palestinien apparaît très peu probable. Il est évident que Netanyahu fera tout pour éviter cette issue, tout en tâchant de ne pas se positionner en radical opposant. Sa stratégie consiste alors à affirmer qu’un État palestinien pourrait être créé, tant qu’il en garde le contrôle.

Aujourd’hui, avant de penser à l’établissement d’un État palestinien, il est crucial de traiter la situation à Gaza. Les pourparlers de paix sont en cours, mais peuvent-ils réellement aboutir ? Netanyahu pourrait-il enfin accepter un cessez-le-feu ? Les doutes subsistent, car il a tout à perdre en mettant fin au conflit ; cette guerre lui confère une position de pouvoir.

Il est contre un cessez-le-feu pour plusieurs raisons. Tout d’abord, après près de deux ans d’opérations militaires à Gaza, il n’a atteint aucun de ses objectifs. Malgré les pertes humaines considérables, le Hamas demeure une force militaire. En effet, il pourrait même avoir accru son nombre de combattants. De plus, les rares otages libérés l’ont été lors de trêves, ce qui met en lumière l’échec de sa stratégie militaire.

Ensuite, l’opinion publique israélienne commence à le tenir responsable ; la pression monte et il risque non seulement de perdre son poste, mais pourrait même faire face à des accusations pénales. L’armée commence à indiquer qu’il n’y a plus d’objectifs militaires atteignables. Ce constat crée une tension dans la société israélienne qui redécouvre l’étendue des destructions causées et commence à s’inquiéter de ses conséquences. Les gens cherchent à imputer la responsabilité à Netanyahu.

Enfin, il semble que Netanyahu, influencé par des alliés extrémistes, ait adopté une vision messianique en promouvant l’idée d’un « grand Israël ». Il semble convaincu que ses actions aujourd’hui seront bénéfiques pour l’avenir du pays, créant une atmosphère d’illuminisme et de dangerosité.

Dans ce contexte, il est fort probable que seuls les États-Unis soient capables de faire pression sur Netanyahu pour avancer dans les négociations. Donald Trump, désireux de se positionner comme le négociateur de la paix, pourrait exercer une influence décisive. Contrairement à Biden, Trump ne recule pas facilement et Netanyahu a tout intérêt à ne pas dépasser les limites, surtout qu’il n’a jamais eu un allié comme Trump au pouvoir. Trump exige un cessez-le-feu, ce qui pourrait devenir un point de fracture si Netanyahu refuse d’y répondre positivement.

Face à cette dynamique, les Européens apparaissent marginalisés et sont exclus des discussions, laissant tous les espoirs en la capacité d’action des États-Unis.

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