Depuis le 23 juin, la possibilité de soumettre des demandes pour le dispositif MaPrimeRénov’ a été suspendue, provoquant un vif mécontentement parmi les propriétaires souhaitant entreprendre des travaux de rénovation énergétique. Ce programme soutenant les rénovations depuis 2020 a été suspendu pour alléger la charge de demandes à traiter par l’Agence nationale de l’habitat (Anah) et pour identifier les cas frauduleux, rapporte TopTribune.
Mathieu, propriétaire d’une maison dans le Rhône, exprime sa frustration face à cette situation. Sa demande pour des travaux visant à améliorer la performance énergétique de son bâtiment n’a pas pu être soumise avant la date limite. L’absence de date précise pour la réouverture du dispositif crée une incertitude parmi les propriétaires, qui espéraient bénéficier de subventions pour des rénovations majeures.
Le ministre de l’Économie a annoncé cette mesure le 3 juin, affirmant qu’elle était nécessaire pour réduire le nombre de demandes à traiter. Malgré cette suspension, les demandes pour des rénovations moins coûteuses restent acceptées, afin de soutenir le secteur du bâtiment, comme précisé par une porte-parole du ministère du Logement.
Le parcours d’une rénovation incertaine
En 2021, Mathieu et sa compagne, enseignants, ont acquis une maison classée F. Confrontés à des factures énergétiques dépassant 5.500 euros par an, ils avaient prévu d’engager des travaux de rénovation. Ils espéraient obtenir un prêt à taux zéro de 50.000 euros et une aide régionale de 15.000 euros. Le montant total des travaux s’élève à 119.000 euros, incluant une isolation complète et un nouveau système de chauffage. Cependant, la suspension actuelle du dispositif les plonge dans l’incertitude.
« À la suspension, tout s’alignait pour pouvoir faire la rénovation, raconte Mathieu avec amertume. Maintenant, c’est l’incompréhension totale. » Ils se sont engagés avec Dorémi, un accompagnateur de rénovation, pour les guider dans leur projet.
Des alertes sur les dossiers de rénovation
Vincent Legrand, président de Dorémi, souligne que de nombreux dossiers sont vus comme suspects par l’Anah, notamment en raison des coûts élevés des travaux. Le ministère du Logement a rapporté l’émergence de nouvelles fraudes associées aux accompagnateurs de rénovation, menaçant ainsi le budget alloué à MaPrimeRénov’. Au total, une centaine de mandataires ont été identifiés avec environ 16.000 dossiers présentant des signaux de fraude.
Dans le cadre de cette situation, Mathieu et sa compagne craignent de perdre l’opportunité d’obtenir des subventions vitales pour la rénovation de leur maison. « Ce projet a un coût, et sans MaPrimeRénov’, ça devient compliqué », déclare-t-il.
Les attentes face à de possibles changements
À la rentrée, les propriétaires craignent une diminution des aides publiques accordées pour les demandes examinées. Une porte-parole du ministère du Logement a affirmé que les règles subiront des modifications à la réouverture. Bien que l’enveloppe budgétaire de 3,6 milliards d’euros destinée pour 2025 soit maintenue, une réduction des financements par rapport à 2024 est à prévoir.
Un rapport publié le 1er juillet par Oxfam France prédit que 65.000 ménages pourraient abandonner leurs projets de rénovation en raison de cette suspension. L’ONG plaide pour une reconsidération du dispositif MaPrimeRénov’ afin de privilégier les rénovations d’ampleur nécessaires pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2.
La situation actuelle est préoccupante pour les professionnels du secteur, qui craignent que ces incertitudes freinent les rénovations à venir. Vincent Legrand exprime ses craintes face aux conditions de réouverture du dispositif. « Les arbitrages ne sont pas encore faits », conclut-il, soulignant le besoin d’une attente anxieuse pour les propriétaires en quête d’améliorations énergétiques pour leurs logements.