Le 7 juillet 2025, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a présenté une analyse exhaustive sur la pauvreté en France pour l’année 2023. Ce rapport révèle une augmentation notable du taux de pauvreté, qui atteint désormais 15,4 %, contre 14,4 % l’année précédente. Environ 9,8 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté fixé à 1 288 euros par mois pour une personne seule, ce qui représente 60 % du niveau de vie médian. Ce taux constitue le niveau le plus élevé observé depuis l’introduction de cet indicateur en 1996, rapporte TopTribune.
Pauvreté : une augmentation liée à la fin des aides exceptionnelles
Selon l’INSEE, cette augmentation s’explique essentiellement par la cessation des aides exceptionnelles instaurées entre 2020 et 2022 dans un contexte de crise sanitaire et énergétique. Parmi ces aides, on retrouve l’indemnité inflation, la prime de rentrée exceptionnelle ainsi que les chèques énergie complémentaires. Bien que temporaires, ces mesures avaient permis de maîtriser provisoirement le taux de pauvreté au cours des années 2021 et 2022.
En 2023, malgré une hausse de 1,3 % en euros constants du niveau de vie médian, cette croissance ne s’est pas répartie de manière équitable entre les différents déciles. Les foyers les plus modestes ont vu leurs revenus croître à un rythme inférieur à celui de l’inflation, ce qui a dégradé leur pouvoir d’achat relatif.
Les groupes les plus concernés par la pauvreté en France selon l’Insee
Cette hausse du taux de pauvreté affecte particulièrement certaines populations. L’INSEE note une augmentation notable :
- chez les chômeurs (+2,5 points),
- les familles monoparentales (+2,9 points),
- les jeunes adultes de moins de 30 ans (+1,5 point),
- et les micro-entrepreneurs aux revenus faibles ou irréguliers.
En revanche, le taux de pauvreté des retraités demeure relativement stable (+0,3 point), principalement grâce à la revalorisation du minimum contributif dans le cadre des réformes des retraites.
Pauvreté monétaire, privation matérielle et intensité de travail
En plus de la pauvreté monétaire, l’INSEE étudie la pauvreté multidimensionnelle. En 2023 :
- 4 % de la population vit dans des ménages cumulant pauvreté monétaire, privation matérielle et sociale, ainsi qu’une faible intensité de travail.
- La privation matérielle et sociale concerne 11,1 % des personnes, en augmentation par rapport à 10,2 % en 2022.
- La faible intensité de travail touche 7,8 % des individus âgés de 0 à 59 ans, un chiffre en hausse de 0,7 point.
Le rapport observe également une montée des inégalités de niveau de vie. Le rapport interdécile (D9/D1), qui mesure le rapport entre les niveaux de vie des 10 % les plus riches et des 10 % les plus pauvres, atteint 3,49 en 2023, contre 3,41 en 2022. Parallèlement, l’indice de Gini, qui évalue la dispersion des niveaux de vie, a également augmenté, passant de 0,289 à 0,296. Ces chiffres confirment une hausse modérée mais significative des inégalités observées.
