
Le ministre du Budget français, Éric Lombard, a récemment déclaré que la France doit désormais emprunter à des taux plus élevés que l’Italie. Ce changement significatif, qui remet en question l’ordre traditionnel de risque souverain dans la zone euro, est survenu depuis le 6 juillet 2025, rapporte TopTribune. Lors d’une prise de parole, Lombard a affirmé : « La France emprunte à des taux plus élevés que l’Italie ». Cette déclaration a suscité des inquiétudes quant à la situation financière du pays.
Une augmentation significative du coût de la dette française
Lombard a indiqué que la charge de la dette nationale atteindra 67 milliards d’euros d’ici 2025, ce qui dépasse les fonds alloués à la Défense nationale. Il a également prédit que cette pression financière pourrait grimper jusqu’à 100 milliards d’euros dans les trois prochaines années si les tendances actuelles persistent. Cette situation découle d’une hausse généralisée des taux d’intérêt sur le marché des obligations souveraines, dans un contexte de retour à la normalité monétaire.
Les données de l’Agence France Trésor (AFT) montrent que le taux moyen des obligations françaises se situe à 2,91 % pour l’année 2024. À titre de comparaison, la France bénéficiait encore de taux négatifs en 2021, selon la Banque de France.
Inversion des taux : France et Italie sur le même tableau
Les déclarations d’Éric Lombard arrivent alors que les investisseurs semblent désormais plus confiants dans l’orientation budgétaire de l’Italie par rapport à celle de la France. Selon des informations de Reuters, le rendement des obligations italiennes à dix ans se situait aux alentours de 3,5 % à la mi-juin, tandis que l’écart de taux avec l’Allemagne (le spread) est tombé en dessous de 100 points de base. Cette réduction des spreads italiens, associée à l’élargissement des taux français, a conduit à une inversion de la courbe sur certains délais, en particulier à trois ans. En conséquence, la France fait face à une hausse de ses coûts d’emprunt à un moment où sa dette publique est remarquablement élevée : 3 345,8 milliards d’euros au premier trimestre 2025, équivalant à 114 % du produit intérieur brut.
Cette évolution préoccupante des conditions de financement en France résulte de plusieurs facteurs, comme l’a souligné le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, il a rappelé que 57 % de la dette française est détenue par des investisseurs non résidents, un chiffre supérieur à la moyenne européenne. De plus, la Commission européenne prévoit une dette publique française atteignant 116 % du PIB en 2025 et 118,4 % en 2026.