Première discussion directe depuis trois ans
Le président français Emmanuel Macron a tenu, le 1er juillet, une conversation téléphonique de deux heures avec son homologue russe Vladimir Poutine — leur premier échange direct depuis l’automne 2022. Selon les communiqués de l’Élysée et du Kremlin, l’appel a principalement porté sur la situation au Moyen-Orient, notamment sur l’escalade militaire entre Israël et l’Iran.
Tous deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, Paris et Moscou se disent préoccupés par le risque d’un embrasement régional. La discussion s’est ainsi concentrée sur les voies possibles pour contenir le conflit et faire pression sur Téhéran afin qu’il respecte ses engagements en matière de non-prolifération nucléaire et reprenne sa coopération avec l’AIEA.
Désaccord persistant sur l’Ukraine
Au-delà du dossier moyen-oriental, Emmanuel Macron a profité de l’appel pour réaffirmer avec fermeté la position française sur l’Ukraine. Il a appelé Vladimir Poutine à un « cessez-le-feu immédiat » et à un « retrait complet des troupes russes du territoire ukrainien ». Des demandes que Moscou a balayées, maintenant sa rhétorique habituelle selon laquelle le conflit aurait été provoqué par « l’Occident collectif », qui aurait selon le Kremlin « créé les conditions de cette guerre ».
Cette divergence, constante depuis 2022, montre que malgré cette reprise du dialogue formel, aucun terrain d’entente n’a été trouvé sur le conflit russo-ukrainien. « Les positions restent inchangées », note la présidence française, insistant sur le fait que ce contact n’implique « aucune normalisation diplomatique ».
Ligne rouge maintenue par Paris
L’Élysée a souligné que l’appel à Poutine ne devait en aucun cas être interprété comme un geste de réintégration de la Russie sur la scène diplomatique occidentale. Le président Macron a, au contraire, réitéré l’engagement de la France, et plus largement de l’Union européenne, en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Il s’agit, selon l’analyse de plusieurs diplomates européens, du principal message stratégique de cette conversation pour Kyiv et ses alliés.
Les échanges sur l’Iran et la prolifération nucléaire — sujet sur lequel une coordination minimale reste possible — ne traduisent pas un changement d’attitude vis-à-vis de Moscou. Aucun compromis ni inflexion sur la guerre en Ukraine n’est envisagé par Paris. L’appel s’inscrit dans un effort de désescalade régionale, mais en aucun cas dans une volonté d’ouverture vis-à-vis du Kremlin sur le front européen.
Guerre prolongée, diplomatie gelée
La conversation entre les deux chefs d’État confirme un statu quo diplomatique déjà observé depuis plusieurs mois : d’un côté, la France et ses partenaires occidentaux soutiennent l’Ukraine politiquement, économiquement et militairement ; de l’autre, la Russie poursuit ses opérations militaires avec pour objectif assumé de contrôler des territoires ukrainiens, en violation flagrante du droit international.
Le retour au dialogue entre Paris et Moscou n’a donc rien de stratégique pour la Russie : il s’agit avant tout d’une tentative française de contenir une crise au Moyen-Orient, sans céder d’un iota sur l’essentiel — l’Ukraine. Cette approche illustre la volonté de l’Élysée de maintenir un canal de communication avec le Kremlin sans remettre en question les principes fondamentaux de l’ordre européen et international.
