La Russie intensifie la militarisation : des femmes du Sud global piégées, des enfants ukrainiens enrôlés
La Russie intensifie la militarisation : des femmes du Sud global piégées, des enfants ukrainiens enrôlés

La Russie intensifie la militarisation : des femmes du Sud global piégées, des enfants ukrainiens enrôlés

28.06.2025 12:55
2 min de lecture

Des jeunes femmes exploitées dans l’industrie militaire russe

Le 27 juin 2025, une enquête du Le Monde a révélé que la Russie continue de renforcer la production de drones d’attaque utilisés contre l’Ukraine, en recourant à des méthodes de recrutement clandestin de femmes originaires d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie du Sud. Présentées comme des « opportunités éducatives » ou « stages professionnels », ces offres masquent en réalité un enrôlement dans le secteur militaro-industriel russe.

Selon les éléments de l’enquête, les ambassades russes, les intermédiaires locaux et les réseaux sociaux servent de relais pour appâter des femmes souvent en situation de vulnérabilité économique. Une fois sur place, beaucoup découvrent qu’elles sont affectées à l’assemblage de drones kamikazes ou à la production de composants militaires. Certaines témoignent s’être vues confisquer leur passeport, avoir reçu des menaces de déportation, et être empêchées de changer d’emploi — autant d’éléments correspondant à une forme de trafic d’êtres humains déguisée.

Ces pratiques constituent de graves violations de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des normes de l’Organisation internationale du travail. En dissimulant la nature réelle de ces missions, Moscou transforme des programmes de mobilité en systèmes de servitude industrielle.

Enfants ukrainiens militarisés sur les territoires occupés

Le même jour, des sources ukrainiennes ont rapporté que la Russie prépare l’envoi de près de 2 000 enfants de la région temporairement occupée de Kherson vers des camps militaires en Fédération de Russie dans le cadre de la « Zarnitsa », un jeu paramilitaire soviétique remis au goût du jour. Cette opération est organisée par le mouvement pro-Kremlin Dvizhenie Pervykh et supervisée par le ministère russe de la Défense.

Ces déplacements, parfois réalisés sous de faux prétextes d’« activités éducatives » ou de « colonies de vacances », s’accompagnent d’une séparation forcée des enfants d’avec leurs familles. À leur arrivée dans les camps — souvent situés en Crimée occupée ou en Russie — les mineurs subissent un conditionnement idéologique intensif, une formation militaire de base, et une immersion dans une narration anti-ukrainienne.

De telles pratiques violent directement les articles 38 et 39 de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant ainsi que les dispositions des Conventions de Genève interdisant l’implication des enfants dans des activités militaires. En niant aux enfants ukrainiens l’accès à leur langue, leur culture et leurs familles, Moscou poursuit une stratégie de russification forcée, qualifiée par des experts de tentative de génocide culturel.

Une stratégie coordonnée de mobilisation violente et de propagande

Les deux volets de cette politique — exploitation économique des femmes du Sud global et militarisation des enfants ukrainiens — s’inscrivent dans une stratégie plus large de mobilisation forcée et de propagande. En utilisant la précarité sociale comme levier, la Russie tente d’élargir sa capacité de production militaire tout en formant une génération de jeunes enrôlés dans sa vision du monde.

Cette approche constitue une menace croissante pour les droits humains et les normes internationales, et appelle une réaction urgente de la communauté internationale. Les experts appellent à des sanctions ciblées contre les individus impliqués dans l’organisation de ces programmes et à l’ouverture d’enquêtes criminelles pour traite d’êtres humains, exploitation d’enfants et violations du droit de la guerre.

Une réponse coordonnée des Nations unies, de l’Union européenne, de l’Union africaine et des pays d’Amérique latine est cruciale pour mettre fin à ces abus systématiques. Faute d’action, ces pratiques risquent de s’installer durablement, mettant en péril non seulement les populations directement touchées, mais aussi les fondements du droit international humanitaire.

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