Des grêlons imposants, atteignant jusqu’à dix centimètres de diamètre dans la région des Landes ou la taille d’une paume de main dans le Puy-de-Dôme, ont récemment marqué les orages dévastateurs survenus ce mercredi. Un précédent orage de grêle avait déjà frappé l’Île-de-France le 3 mai, causant des dommages considérables aux véhicules, dont plus de 61 000 ont dû être réparés, avec des grêlons décrits comme étant de la taille de « balles de tennis », rapporte TopTribune.
La montée en puissance des images de grêlons impressionnants, souvent comparés à des objets lourds tels que des balles de tennis ou des melons, s’est intensifiée récemment sur les réseaux sociaux et dans les médias. Après des épisodes orageux violents comme celui de mercredi, la question se pose : les grêlons sont-ils devenus plus gros qu’auparavant ?
Historiquement, les records des tailles des grêlons sont impressionnants. Le grêlon le plus massif jamais enregistré, mesurant 23,7 centimètres de diamètre, est tombé en février 2018 à Villa Carlos Paz en Argentine, selon une étude diffusée dans le Bulletin of the American Meteorological Society. Le météorologue Matthew R. Kumjian mentionne qu’à peine dix grêlons de plus de 15 centimètres ont été observés dans les deux dernières décennies. En Europe, un grêlon de 19 centimètres a établi un record à Azzano Decimo, en Italie, le 24 juillet 2023, et en France, celui de 1,1 kilogramme a été enregistré à Viviers-lès-Lavaur dans le Tarn en juillet 2018.
L’effet des médias, mais…
Serge Zaka, agroclimatologue et chasseur d’orages, souligne que dans l’Histoire, les orages intensément violents, appelés derechos, ne sont pas un phénomène récent. Il rappelle qu’un des plus célèbres a eu lieu en 1788, détruisant les terres de culture et provoquant des émeutes en raison de la crise alimentaire. Pourtant, il explique que la perception d’une émergence croissante de grêlons géants est en grande partie attribuable à la couverture médiatique. « Il ne semble pas y avoir plus de grêle maintenant qu’auparavant, mais la médiatisation amplifie l’effet de récurrence en raison de la rapidité avec laquelle les informations circulent aujourd’hui », déclare-t-il. Cependant, il ajoute qu’il y a effectivement des témoignages de chasseurs d’orages observant plus de grêlons géants qu’auparavant.
Pourquoi des grêlons aussi gros ?
Les conditions atmosphériques précises déterminent la formation des grêlons. « La grêle se forme dans des colonnes d’air ascendant des orages », précise Serge Zaka. Plus un grêlon reste dans un nuage, plus il a la possibilité de grossir. Les orages supercellulaires, tels que celui de mercredi dernier, permettent aux grêlons d’atteindre des tailles particulièrement impressionnantes en accumulant des couches de glace. Toutefois, Météo-France indique qu’aucune base de données ne permet de quantifier de manière rigoureuse l’évolution de ce phénomène, car il est trop localisé pour une étude systématique.
Le changement climatique en cause ?
Le questionnement sur l’impact du changement climatique sur les grêlons persiste. « Existe-t-il un changement dans la taille des grêlons par rapport au passé ? », interroge Zaka. La réponse scientifique se fonde sur les rapports du GIEC qui n’indiquent aucune évolution significative à ce sujet, mais des recherches montrent une diversité dans les conclusions : certaines affichent une augmentation, d’autres une diminution ou même une stabilité dans les observations. Zaka admet qu’actuellement, l’influence du changement climatique sur les orages n’est pas encore confirmée. Néanmoins, il est possible que les évènements climatiques deviennent plus violents. Le réchauffement climatique, en augmentant l’énergie dans l’atmosphère et en élevant la température des océans, pourrait favoriser la survenue d’orages plus intenses propices à la formation de grêlons de gabarits supérieurs.
Les « grêlons géants » suscitent non seulement l’émerveillement mais occasionnent également des dommages considérables. « Ces grêlons représentent un danger pour les oiseaux, la faune sauvage et l’Homme, car ils endommagent la végétation, les arbres et les vignes », conclut Serge Zaka.