La température va encore grimper cet après-midi, et cela ne concerne pas seulement les conditions météorologiques. Les partenaires sociaux engagés dans le « conclave » sur les retraites doivent prendre une décision, que ce soit avec ou sans accord, après quatre mois de discussions initiées par François Bayrou, sous l’œil attentif de la gauche, qui suit le dénouement, rapporte TopTribune.
Déjà, et cela n’annonce rien de bon, Patrick Martin et Amir Reza-Tofighi, les présidents des deux principales organisations patronales présentes à cette rencontre, prévoient de s’exprimer lors d’une conférence de presse commune à 14h30, avant d’entrer dans la réunion finale. Les deux organisations précisent que la conférence se tiendra à l’extérieur, devant le lieu de la dernière rencontre. « Nous allons présenter des propositions, avec quelques avancées supplémentaires », a déclaré un représentant du Medef.
Il est à noter que la dernière séance de travail, qui a eu lieu le 17 juin, s’est terminée sur une prolongation négociée de justesse afin d’éviter un échec. Ce dialogue, initié le 27 février, devait initialement s’achever le 28 mai. Une solution de compromis se profile-t-elle ? Il semble que les déclarations post-réunion ne soient pas encourageantes.
« Je reste assez pessimiste quant aux résultats de cette négociation », a commenté Christelle Thieffine, négociatrice pour la CFE-CGC. Eric Chevée, quant à lui, évoque des « lignes rouges, voire écarlates » pour son syndicat, la CPME. Un sentiment similaire a été exprimé par Pascale Coton, de la CFE-CGC, qui a décrit la dernière réunion comme ayant généré « un chiffon rouge » et a exprimé sa colère face à cette situation qui « devait être la dernière, mais finalement ce sera l’avant-dernière ». Patrick Martin, président du Medef, a même déclaré être « très réservé » quant à la participation de son organisation à cette réunion. « La question demeure : une version signée sans le Medef a-t-elle du sens ? », s’est demandé Eric Chevée.
Le Medef inflexible sur son maintien à 64 ans
Il convient de relever que le « conclave » a déjà laissé certains partenaires sociaux sur le carreau : FO a abandonné dès la première réunion, tandis que la CGT et l’U2P (organisation patronale des artisans) ont jeté l’éponge mi-mars. Toutefois, selon des informations de La Tribune Dimanche, l’organisation patronale se présentera au conclave avec une proposition d’accord de dernière minute. Seule la CFDT semble apercevoir une lueur d’espoir. « La balle est totalement dans le camp du patronat. Vont-ils accepter l’accord proposé ? », interrogeait lundi sa dirigeante, Marylise Léon, sur France Inter. Elle avait précédemment souligné auprès de l’AFP les « avancées sociales à concrétiser ».
La question de l’âge de départ à la retraite ne fait plus débat : le Medef s’est montré inflexible et demeure attaché à son maintien à 64 ans. Peu importe l’issue de cette réunion cruciale, cette mesure phare, qui suscite des controverses, de la réforme Borne de 2023 restera donc en vigueur pour les employés nés après le 1er janvier 1968.
En attendant l’automne
Les discussions autour d’un compromis se concentrent désormais sur des thématiques telles que la carrière des femmes et la pénibilité au travail. Sur le premier point, qui fait consensus, il est prévu de revaloriser les pensions en fonction du nombre d’enfants que les femmes ont eus. Concernant la pénibilité, les critères ergonomiques tels que le port de charges lourdes, les vibrations mécaniques et les postures difficiles sont actuellement discutés, poussés par la CFDT.
La conclusion du « conclave » s’avère également être un moment décisif pour François Bayrou, qui a été à l’initiative de ce format de discussions après avoir trouvé un compromis avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement. Le Premier ministre avait promis de présenter les résultats devant le Parlement. « Si ce conclave ne débouche pas sur l’abrogation de la réforme des retraites, nous déposerons une motion de censure », a promis Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise. Cependant, LFI aurait besoin du soutien d’autres groupes de gauche pour avancer dans cette démarche, et le Parti socialiste est divisé sur la question. Bien que la possibilité d’une censure semble s’éloigner à court terme, elle pourrait revenir à l’automne, lorsque François Bayrou soumettra le projet de budget pour 2026 au vote des députés.