Guerre Israël-Iran : Les pays du Golfe affirment qu'ils n'ont aucun intérêt à un changement de régime à Téhéran.

Guerre Israël-Iran : Les pays du Golfe affirment qu’ils n’ont aucun intérêt à un changement de régime à Téhéran.

19.06.2025
3 min de lecture

La question de savoir si un médiateur de paix peut émerger pour résoudre le conflit entre Israël et l’Iran au Moyen-Orient est devenue plus pressante. Des informations relayées par Reuters et le Washington Post indiquent qu’l’Iran a sollicité l’aide du Qatar, d’Oman et de l’Arabie Saoudite, dans l’espoir de convaincre Donald Trump de favoriser un cessez-le-feu afin d’atténuer les tensions avec l’État hébreu, rapporte TopTribune.

Téhéran serait prêt à relancer les négociations sur son programme nucléaire avec les États-Unis, à condition que les frappes israéliennes cessent, selon des sources de l’AFP.

Le Qatar et Oman ont une longue tradition de relations étroites avec Téhéran. L’Arabie Saoudite, avec laquelle l’Iran a eu des confrontations historiques, a officiellement renoué ses liens avec la République islamique au printemps 2023. Ces monarchies pétrolières entretiennent également des relations discrètes mais significatives avec Israël.

Peut-on envisager que l’Arabie Saoudite, Oman et le Qatar, qui profitent d’une région plus stable, puissent jouer un rôle d’intermédiaire entre Israël et l’Iran ? L’opinion d’Adel Bakawan, chercheur à l’Institut français des relations internationales et auteur de l’ouvrage “La décomposition du Moyen-Orient. Trois ruptures qui ont fait basculer l’histoire”, éclaire cette perspective.

Les motivations des pays du Golfe pour un cessez-le-feu

Adel Bakawan : Deux raisons majeures justifient l’intérêt des pays du Golfe. Premièrement, des considérations de sécurité. L’Arabie Saoudite, qui joue un rôle prépondérant dans le Golfe, cherche à établir un Moyen-Orient pacifié, dans le but de mettre en œuvre ses ambitieux projets économiques.

Un Iran chaotique, ajouté à la déjà fragile situation à Gaza, mettrait en péril cette sécurité, puisqu’ils comptent sur le soutien militaire des États-Unis et, par extension, d’Israël.

Tous les pays du Golfe ont réussi à établir une coexistence avec l’Iran. En mars 2023, l’Arabie Saoudite a signé un accord de rapprochement avec Téhéran à Pékin.

À présent, les Émirats, le Qatar et l’Arabie ne souhaitent pas voir un changement de régime en Iran, ayant compris l’importance d’une relation pragmatique avec les autorités iraniennes. La perspective d’un avenir sans le régime actuel les inquiète, d’où leur aversion pour l’incertitude.

Sur le plan économique, une guerre pourrait engendrer d’énormes pertes. L’hypothèse d’une fermeture du détroit d’Ormuz par l’Iran aurait un impact catastrophique sur l’économie mondiale, affectant également les économies locales. Si les forces iraniennes s’en prenaient aux installations militaires américaines en Arabie Saoudite ou au Qatar, ces nations se trouveraient confrontées à un double danger, tant sécurisé qu’économique. Ainsi, convaincre Donald Trump de renouer le dialogue avec l’Iran devient essentiel.

Les échanges potentiels entre Israël et les pays du Golfe

Le Qatar, Oman et l’Arabie Saoudite peuvent envisager un accord global avec Israël, qui rêve depuis longtemps d’être reconnu par l’Arabie Saoudite. Un tel accord nécessiterait non seulement l’acceptation d’Israël par l’Arabie, mais également la reconnaissance de l’État hébreu par l’Iran et d’autres nations arabes. En contrepartie, Israël mettrait un terme à ses agressions contre l’Iran et accepterait la création d’un État palestinien.

Bien que ce scénario reste à ce stade un idéal éloigné, le chemin vers cette paix serait long et complexe.

En parallèle, l’Arabie Saoudite et le Qatar ont récemment annoncé des investissements massifs aux États-Unis, dont les implications géopolitiques pourraient servir d’arguments à Trump pour maintenir son soutien face à un climat instable.

Il convient de noter cependant que l’Iran, en perdant l’appui de ses alliés comme le Hezbollah et le régime d’Assad, pourrait voir ses ambitions régionales entravées, persuadant l’administration américaine que des tensions croissantes sont inévitables.

La dynamique des relations irano-saoudiennes

Un affaiblissement du régime iranien pourrait favorablement être perçu par l’Arabie Saoudite. Un Iran fort pourrait contrecarrer l’influence de Mohammed ben Salmane, tandis qu’un régime iranien pacifié mais affaibli pourrait voir un renforcement du leadership saoudien.

Dans ce contexte, si le conflit entre Israël et l’Iran aboutissait à un affaiblissement marqué de ce dernier, tout en conservant le régime en place, cela pourrait convenir à Riyad.

Les Saoudiens trouvent un certain confort dans le régime iranien, qui, par son autoritarisme, leur semble garant de stabilité et de sécurité. La montée d’un gouvernement démocratique en Iran serait en contradiction avec leurs intérêts.

Enfin, la perception israélienne d’une menace constante de la part de l’Iran joue également un rôle central. Dès sa création, la République islamique a proclamé son hostilité envers Israël, ce qui explique pourquoi ce dernier voit en Téhéran son ennemi principal.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est convaincu qu’une occasionhistorique se présente pour renverser le régime des mollahs, bénéficiant d’un fort soutien à Washington pour ce faire. Dès lors, il semble logique de se demander pourquoi Israël se priverait d’une telle opportunité pour changer la donne en Iran.

Dernières nouvelles

Kellogg, la paix illusoire et le double jeu biélorusse

Kellogg, la paix illusoire et le double jeu biélorusse

Le voyage à venir du général Keith Kellogg en Biélorussie, émissaire de Donald Trump, soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Selon Reuters et Radio Svoboda, ce déplacement privé, non coordonné avec le Département d’État américain, aurait

À NE PAS MANQUER