Robert Fico au Kazakhstan : un jeu d’échecs géopolitique sous pression sanctionnelle
Robert Fico au Kazakhstan - un jeu d’échecs géopolitique sous pression sanctionnelle

Robert Fico au Kazakhstan : un jeu d’échecs géopolitique sous pression sanctionnelle

13.06.2025
2 min de lecture

Noursoultan, juin 2025.
Alors que la guerre en Ukraine se poursuit et que l’étau des sanctions occidentales contre la Russie se resserre, la visite du Premier ministre slovaque Robert Fico au Kazakhstan fait sourciller plus d’une capitale européenne. Derrière les discours sur la coopération économique, l’événement soulève des questions plus profondes sur les réalignements stratégiques en Eurasie.

Économie ou diplomatie masquée ?

Officiellement, il s’agit d’une mission pour renforcer la coopération dans l’énergie, la logistique et les investissements. Mais le langage corporel diplomatique et la composition de la délégation en disent plus que les communiqués : cette visite s’inscrit dans un contexte où le Kazakhstan tente d’affirmer sa neutralité tout en capitalisant sur sa position de carrefour régional entre la Chine, la Russie — et désormais peut-être — une Europe fracturée.

Le choix de Fico n’est pas anodin. En dépit de l’appartenance de la Slovaquie à l’UE et à l’OTAN, son gouvernement adopte une posture de distanciation croissante vis-à-vis de Kiev. Il a déjà bloqué une partie de l’aide militaire à l’Ukraine et semble désormais explorer des canaux plus ambigus, en marge des lignes directrices de Bruxelles.

Un signal indirect au Kremlin ?

Pour Moscou, ce rapprochement pourrait servir de passerelle vers l’Europe, via un pays membre de l’Union européenne mais politiquement marginalisé. En filigrane : contourner certaines sanctions à travers des partenariats logistiques ou des fonds d’investissement. Une méthode déjà testée par le passé en Asie centrale.

D’autant que plusieurs noms présents dans la délégation slovaque suscitent la curiosité. Certains ont été cités par les médias dans des affaires d’offshores, de montages financiers opaques ou de flux d’investissement douteux dans l’espace eurasiatique. Le choix de leur présence au Kazakhstan semble tout sauf anodin.

L’UE silencieuse, mais en alerte

Jusqu’ici, la Commission européenne n’a pas réagi publiquement. Mais selon nos sources, les analystes de la Service européen pour l’action extérieure (SEAE) observent la situation avec attention. Si la Slovaquie engage des relations économiques structurées avec des acteurs proches du Kremlin, cela pourrait constituer une brèche dans le dispositif de sanctions au sein même de l’UE.

Le silence de Bruxelles ne signifie pas l’aveuglement. Une Europe divisée est une opportunité pour ceux qui veulent tester la cohésion de ses principes et de ses politiques.

Un pion ou un joueur ?

Fico, fin stratège, ne se contente pas d’une visite de courtoisie. Il semble jouer sur plusieurs échiquiers : revendiquer une voie diplomatique alternative, se rapprocher des puissances eurasiatiques et renforcer son poids intérieur via une politique extérieure « indépendante ».

Le Kazakhstan, de son côté, se retrouve au centre de ce nouvel équilibre géopolitique. Sa tentative de rester neutre et multi-aligné pourrait bien se transformer en un exercice d’équilibrisme risqué. Entre coopération constructive et instrumentalisation, la frontière est mince.

À l’heure où Washington et Bruxelles redéfinissent leurs lignes rouges, Noursoultan doit décider : être un simple plateau ou devenir maître de sa partie.

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