55 ans de surveillance financière : l'urgence d'une réforme du Bank Secrecy Act aux États-Unis

55 ans de surveillance financière : l’urgence d’une réforme du Bank Secrecy Act aux États-Unis

29.10.2025 04:13
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Réforme nécessaire du Bank Secrecy Act pour protéger la vie privée financière

Le 26 octobre 1970, le président Richard Nixon a signé le Bank Secrecy Act, instituant un régime de surveillance financière qui perdure depuis 55 ans. Ce dispositif impose aux banques de rapporter certaines activités suspectes et de fermer des comptes lorsque les comportements sortent de la norme, rapportent TopTribune.

Le Bank Secrecy Act, souvent désigné par l’acronyme BSA, a été mis en place par crainte que la hausse du transport aérien ne pousse les Américains à dissimuler leur argent dans des comptes bancaires en Suisse. Bien que cette inquiétude semble peu fondée, le Congrès a adopté la législation, qui impose aux banques de conserver des enregistrements sur leurs clients.

Les rapports les plus notoires issus de cette loi sont les Currency Transaction Reports (CTR). En résumé, toute transaction dépassant 10 000 dollars doit être signalée au gouvernement, sans qu’il soit nécessaire de prouver un acte criminel. Ce simple seuil suffit pour attirer l’attention des autorités.

Avec le temps, les préoccupations ont évolué. Initialement ciblant les fraudeurs fiscaux, la législation a été élargie pour poursuivre les trafiquants de drogue puis les terroristes. Plus récemment, le Congrès examine comment l’appliquer aux cryptomonnaies.

Cette extension des cibles de surveillance s’accompagne d’un nombre croissant d’acteurs obligés de communiquer les informations de leurs clients. La liste des « institutions financières » s’est élargie pour inclure des concessionnaires de voitures, des prêteurs sur gage, des agences de voyage et même les services postaux américains. Récemment, les émetteurs de stablecoins ont été ajoutés à cette liste.

Cette expansion a permis le dépôt de plus de 27,5 millions de rapports l’année dernière. La chaleur du débat est accentuée par le fait que le seuil de 10 000 dollars n’a pas été indexé sur l’inflation, un oubli procédural aux répercussions conséquentes sur la vie privée des citoyens américains.

À titre de comparaison, il y a cinquante ans, 10 000 dollars pouvaient acheter deux nouvelles Corvettes. Aujourd’hui, ce montant ne représenterait même pas 15 % du prix d’une seule Corvette. La réalité économique a changé, et les banques ont maintenant des enregistrements de presque toutes les transactions.

La Cour suprême a reconnu les dangers associés à ce régime, affirmant que les exigences de rapport pourraient soulever des questions constitutionnelles sérieuses lorsque l’intrusion gouvernementale dépasse les attentes légitimes de confidentialité. Il semble que nous ayons franchi cette limite depuis longtemps, alors que le Congrès privilégie la surveillance financière au détriment de la vie privée depuis trop longtemps.

Face à cette situation, le Congrès a trois options. Premièrement, il devrait au minimum ajuster tous les seuils de rapports à l’inflation, comme faire passer le seuil de 10 000 dollars à au moins 77 000 dollars. Bien que certains membres du Congrès aient proposé des lois à cette fin ces dernières années, un soutien accru est crucial pour concrétiser cette réforme.

Cependant, s’attaquer aux seuils relèverait davantage du traitement des symptômes que de la cause. La Quatrième Amendement stipule que les gens ont le droit d’être à l’abri de la fouille de leurs papiers, indépendamment du montant en jeu. Le Congrès devrait alors aller plus loin en supprimant complètement les obligations de rapport. La loi pourrait continuer à garantir que les crimes soient poursuivis, mais nécessiterait un mandat pour obtenir des dossiers de personnes.

Enfin, cette approche laisserait subsister des problèmes tels que les exigences de connaissance du client, la répression transnationale et le risque d’annulation des comptes. Par conséquent, la troisième option serait d’abroger la totalité du régime du Bank Secrecy Act, permettant aux banques de déterminer les informations nécessaires et les risques à prendre. Il resterait illégal d’assister sciemment à une activité criminelle, mais les forces de l’ordre pourraient obtenir un mandat de perquisition en cas de besoin.

Quelle que soit la voie choisie par le Congrès, une réforme s’avère indispensable. Il est temps de respecter la vie privée financière des citoyens et de cesser de considérer la surveillance en expansion comme la norme

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