C’est un cri d’alerte. Dans une étude publiée ce mardi, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir met en garde sur la part des réseaux de distribution d’eau potable non conforme à la réglementation, et s’alarme des surcoûts de la dépollution de l’eau pour les contribuables, rapporte TopTribune.
« Seulement 85 % des réseaux sont conformes à l’ensemble des critères réglementaires, soit un recul de 10 points par rapport à la précédente enquête de 2021 », s’inquiète l’UFC. L’association souligne que cette dégradation, provoquée essentiellement par les pollutions aux pesticides, n’est pas due à une évolution des pratiques agricoles mais « essentiellement » à la « détection de nouveaux métabolites de pesticides par les agences régionales de santé (ARS) depuis 2023 ».
C’est le cas de la chloridazone, un herbicide utilisé dans la culture des betteraves interdit depuis 2021, du chlorothalonil, un fongicide interdit en 2020, et de l’alachlore, un herbicide utilisé notamment dans la culture du maïs, interdit depuis 2008.
Peu de risques à la consommation
Basée sur les résultats de 30 millions d’analyses réalisées entre janvier 2023 et juin 2025 pour le compte des ARS, l’étude pointe aussi du doigt les dépassements de la norme sur les pesticides qui ne concernaient jusqu’ici « que de petites communes rurales ». Aujourd’hui, des villes comme Reims, Beauvais, Caen, La Rochelle ou Calais sont désormais touchées.
Toutefois, à la question « est-ce que je peux continuer à boire mon eau ? », la réponse est oui « dans la très grande majorité des cas », assure Olivier Andrault, chargé de mission Alimentation et Nutrition à l’UFC-Que Choisir. Les valeurs réglementaires qui sont ici dépassées, ont été fixées « très, très bas en application du principe de précaution », rappelle-t-il, et les seuils de dangerosité de l’eau sont en général « beaucoup plus hauts ».
« Renvoyer leur facture d’eau aux décideurs »
Pour autant, lorsque la limite de qualité établit à 0,1 microgramme par litre pour un pesticide, et 0,5 pour l’ensemble des pesticides détectés, est dépassée, l’eau est alors déclarée « non conforme ». Le gestionnaire de la distribution de l’eau « a alors l’obligation de prendre des mesures » pour « rétablir la conformité de l’eau dans les meilleurs délais », souligne l’UFC-Que Choisir.
Se basant sur des données de l’Insee, l’association estime que ces contaminations « commencent déjà à se répercuter sur le prix de l’eau », le prix moyen du mètre cube ayant « augmenté de 16 % » sur les 30 derniers mois, « alors qu’il était particulièrement stable depuis les 10 années précédentes ». Cette augmentation notable soulève des inquiétudes parmi les consommateurs.
Loin de s’en tenir à un simple constat, l’association de consommateurs propose également plusieurs solutions, comme « protéger les sources, réduire les pollutions à la source et moderniser les réseaux », pour « assurer une eau saine, durable et abordable pour toutes et tous ». En guise de manifestation, elle appelle également les consommateurs et consommatrices à « renvoyer leur facture d’eau aux décideurs pour dénoncer cette injustice et exiger une action efficace à la source ».